CHRONIQUES
Il fait trop froid pour travailler ?


Conditions de travail > Santé - 05/02/19
Routes impraticables, trafic ferroviaire perturbé, bus supprimés… Neige et verglas perturbent les transports et peuvent vite faire du trajet domicile-travail un vrai parcours du combattant. Les joies de l’hiver, en somme ! « Je ne vais pas venir travailler en raquettes, quand même ! », «Si je prends ma voiture, le carambolage est inéluctable, et si je viens à pied je vais me casser une jambe ! ». Autant de raisons pour lesquelles de nombreux salariés renoncent à aller travailler et restent chez eux en cas d’intempéries... ou se mettent en route et arrivent avec de nombreuses heures de retard.
En ont-ils le droit ? Qu’est-il prévu en cas de retard ou d'absence du salarié pour cause d'intempérie ?
D’abord, qu’ils se rassurent, les routes enneigées ou les transports bloqués par les intempéries constituent un cas de "force majeur". En principe, le salarié n'est pas considéré comme fautif. Cette absence ou ce retard ne peut donc pas être utilisé par l’employeur comme motif de licenciement. Il convient tout de même de prendre quelques précautions au premier rang desquelles : prévenir son supérieur ! Il est préférable, en plus d’un appel téléphonique, d’envoyer un mail en précisant les raisons de l’absence (bus hors service, routes impraticables…). Pour ceux qui auront eu tant de mal à arriver dans les locaux de l’entreprise, la tentation pourrait être grande de repartir plus tôt (histoire d’arriver à la maison avant le petit matin !). Sauf accord de votre employeur, cela ne sera pas possible.
Resté à la maison (contraint et forcé), le salarié se demande bien souvent si son salaire va être affecté. Eh bien oui. Quand un salarié ne travaille pas pour raisons climatiques, l'employeur n'est pas obligé de le rémunérer. Sauf accord plus favorable, le nombre de jours d’absence sera donc déduit du salaire. Pour éviter cette perte de salaire (pas vraiment plaisante, à l’heure où notre porte-monnaie se remet doucement des excès des fêtes de fin d’année…), le salarié peut toujours demander à son employeur la possibilité de régulariser sa situation en posant un jour de RTT ou un congé payé ou bien encore de récupérer les heures perdues sur les jours suivants.
Pour certains, la galère ne concerne pas que le trajet domicile-travail. Arrivés dans l’entreprise, le pire est parfois à venir ! Heureusement, le code du travail n’a pas complétement oublié ceux qui travaillent dehors en plein hiver. Selon la loi, il incombe aux employeurs de fournir des vêtements chauds et imperméables aux salariés intervenant à l’air libre. Également à la charge de l’entreprise, l’aménagement de locaux de pause chauffés. Malgré tout, en période de grand froid hivernal et de chute de neige, le travail en extérieur peut devenir difficilement supportable. Si les conditions empêchent toutes tâches, il est possible dans certains cas, comme dans le BTP, de recourir au chômage intempéries.
D’autres salariés bien que ne travaillant pas en extérieur souffrent durant l’hiver en raison de locaux mal chauffés. Essayez de taper sur un clavier d’ordinateur avec des moufles peut s’avérer un exercice de style amusant durant quelques instants mais très vite lassant ! Bien que l’article R4223-13 du code du travail indique que les locaux fermés affectés au travail doivent être chauffés pendant la saison froide afin de maintenir une température convenable, tout le monde ne s’entend pas sur la notion de « convenable ». Rien qu’à voir dans les Open Space à quel point les débats font rage sur la température attendue de chacun : Jacqueline toujours réchauffée souhaitera ouvrir la fenêtre en plein mois de janvier, quand Antoine garde manteau et écharpe !
Le code du travail ne donne aucune indication de température maximale ou minimale concernant le confort thermique. L'employeur peut néanmoins s'inspirer de la norme française AFNOR X 35-203. Ainsi, il est généralement conseillé de maintenir une température ambiante comprise entre 19 et 25°C selon la saison, l'humidité relative de l'air et le type de travaux effectués dans les locaux (moins on est « actif », plus il doit faire chaud).
Il faut aussi penser à ceux qui travaillent habituellement avec le froid, soit dans leur local (atelier, frigo) soit parce que leur activité est en interaction permanente avec le froid comme par exemple les personnels de vente de produits alimentaires. Le froid reste une condition difficile parce qu’il agit sur la régulation thermique du corps et lorsque les températures descendent très en dessous du cadre acceptable, le corps doit mobiliser beaucoup de ressources. Ces dernières ne sont alors plus disponibles pour faire face aux exigences du travail, et le rendent pénible. Les travailleurs de l’agriculture, du BTP ou de la mer le savent bien. Les troubles occasionnés par le froid sont nombreux : engourdissements avec perte de dextérité jusqu’à des gelures, hypothermie, etc. Une vigilance spéciale doit être apportée aux conditions organisationnelles du travail : prévision ou non de pause et présence d’espaces tempérés pour s’y réfugier.
Là non plus, le code du travail ne prévoit pas de valeur seuil de température pour le travail en extérieur. Il faut toutefois garder à l’esprit que l’employeur a une obligation de résultats en matière de sécurité pour ses salariés. Il doit veiller à la santé des travailleurs et à leur protection. Ce principe général vaut évidemment pour l’exposition des travailleurs au froid ou dans le froid. La préservation de la santé de tous est un gage de la performance de l'entreprise.
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